Le Desman à l'honneur au 38ème colloque francophone de mammalogie

Melody Lim lors de sa présentation au colloque SFEPM © Emile Poncet

Le 38ème colloque francophone de mammalogie, organisé par la Société Française pour l'Etude et la Protection des Mammifères, a eu lieu du 9 au 11 octobre 2015 au Haillan (33). A cette occasion, une communication a été présentée par Melody Lim (CEN MP) sur le suivi par radiopistage des Desmans des Pyrénées dans la vallée de l’Aston (09) et l'étude de l’influence des fortes variations de niveaux d’eau.

Voici un aperçu du contenu de la présentation, intitulée "suivi par radiopistage des Desmans des Pyrénées dans la vallée de l’Aston (09) et étude de l’influence des fortes variations de niveaux d’eau" (Melody LIM, Frédéric BLANC, Mélanie NEMOZ, Christine FOURNIER-CHAMBRILLON, Pascal FOURNIER, Vincent LACAZE, Émile PONCET et Pauline LEVENARD) :

Le programme LIFE+ Desman a pour objectif d’améliorer le statut de conservation du Desman des Pyrénées (Galemys pyrenaicus). Cette démarche passe notamment par une meilleure connaissance de l’impact des activités humaines sur l’espèce et son milieu, et la formulation de recommandations en vue de leur atténuation.

Les ouvrages hydroélectriques modifient le milieu, lors de leur fonctionnement quotidien mais également lors d’opérations plus ponctuelles comme les transparences ou les vidanges. L’action A4 du programme LIFE+ vise à étudier l’incidence des lâchers d’eau, à l’aval du barrage de Riète (Aston, Ariège) sur les populations de Desman en période de reproduction par la méthode de suivi par radiopistage.

Une 1ère phase de terrain a eu lieu du 6 octobre au 13 novembre 2014, en période d’étiage, afin de tester et affiner le protocole de suivi par radiopistage (choix des émetteurs, méthode de pose, fréquence des relevés, etc.), permettant la capture (73 nuits/pièges) et le suivi pendant 6 jours sur un même secteur d’un mâle, capturé sur l’Aston (687 localisations) et d’une femelle, capturée sur l’affluent Les Ubals (606 localisations). Une seconde phase s’est déroulée du 28 avril au 2 juin 2015, dans un contexte de forts débits naturels, en vue d’évaluer in-situ l’incidence des lâchers d’eau. Les niveaux d’eau et les débits très élevés ont fortement limité la possibilité de capturer dans l’Aston, et les 412 nuits/pièges n’ont permis la capture et le suivi que de 2 femelles pendant environ 3 semaines, capturées respectivement sur les affluents Les Ubals et Le Sirbal (548 et 648 localisations). Au printemps, les débits déversés couplés aux apports naturels liés à la fonte des neiges génèrent en effet des variations importantes et fréquentes des niveaux d’eau (112 cm sur la durée du suivi et max de 25 cm/jour) modifiant les caractéristiques de l’habitat du Desman (faciès d’écoulement, surface de pierres émergentes, etc.).

La taille du domaine vital des 4 individus avoisine les 500 mètres classiquement cités pour l’espèce (505 ± 38,7 m). Si le mâle est resté sur l’Aston, les 3 femelles ont réparti leurs localisations entre l’affluent de leur capture et l’Aston, suggérant une utilisation quotidienne de zones différentes du domaine vital selon les conditions environnementales (niveaux d’eau, accès aux gîtes,…).Des différences saisonnières mais aussi individuelles ont été observées quant au rythme d’activité et aux déplacements. En mai, les distances parcourues à chaque sortie, ainsi que l’activité diurne, sont significativement plus élevées qu’en octobre, suggérant un accès à la ressource trophique plus complexe à cette période, ou des besoins énergétiques plus élevés, liés à la reproduction par exemple…

Les critères de description de l’habitat utilisés ne permettent pas de mettre en évidence une sélection de ce dernier. Les terrains de chasse (de 2 à 4 par individu) se trouvent généralement proches de l’extrémité du domaine vital du desman considéré et les gîtes (de 1 à 3 par individu) sont localisés dans une zone non inondée et facilement accessible au moment de leur utilisation. Malgré le faible nombre de desmans suivis, ces premiers résultats confirment le rôle des affluents comme habitats très favorables à l’espèce, et l’importance du maintien de la connectivité des milieux au sein d’un réseau hydrographique, afin de permettre aux individus l’accès permanent à l’ensemble du linéaire, et ainsi de s’adapter aux variations des conditions environnementales.

 

Cette année, le colloque avait pour thématique : les Mammifères exotiques (envahissants) : état des lieux et actions ? De nombreuses autres interventions abordant ce sujet ont donc eu lieu.

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